Promenade dans le 18ème arrondissement

 

Place des Abbesses

De l’autre côté de la place de Clichy, la rue Caulaincourt surplombe le cimetière Montmartre et finit par croiser la rue Joseph de Maistre qu’on emprunte, sur la droite, pour rejoindre la place des Abbesses.

Au milieu des platanes de cette place, héritière des Bénédictines de l’abbaye de Montmartre auxquelles ce lieu incontournable du village de la Butte doit son appellation, la fontaine a vu aller et venir, au gré de leurs errances et de leurs flâneries, les artistes d’aujourd’hui et d’hier.

Parmi eux, le poète au franc parler populaire Jehan Rictus, alias Gabriel Randon, erre encore peut-être tel Le Revenant de ses Soliloques du pauvre dans le square en surplomb qui porte son nom.

Céans, s’étend une paroi de quatre mètres de haut sur dix mètres de long, ornée de 511 carreaux de lave émaillée où Claire Kito a assemblé en une fresque polyglotte comportant 311 langues, les écritures des mots « Je t’aime ».

 Face à ce jardin, rue des Abbesses, s’élève l’église Saint-Jean de Montmartre, première du genre, toute de briques rouges et de béton armé, érigée en 1904 par Anatole de Baudot, disciple de Viollet-Le-Duc.

 Sur la gauche, trône l’immanquable verrière style Art Nouveau, très en vogue à la Belle Époque, dessinée par Hector Guimard et enlevée à la station Hôtel de Ville pour être remontée ici en 1976. Une fois passé l’édicule qui orne la bouche du métro Abbesses, ce sont plus de trois cents marches d’un des deux escaliers hélicoïdaux qu’il faut dévaler, pour atteindre l’une des plus profondes rames de Paris.

 

 

 

Place Emile Goudeau

Depuis la place des Abbesses , la rue du même nom mène à la rue Ravignan qu’il faut gravir pour atteindre la place Emile Goudeau.

Avec ses pavés, ses bancs et ses marronniers, ce lieu piétonnier paisible semble empreint de poésie. Portant le nom du journaliste, romancier et poète français créateur du Cercle des Hydropathes, il abrite paradoxalement l’une des fontaines Wallace les plus « visitées » de la capitale. Du nom d’un arbre qui se trouvait en son centre sous l’Empire, et sous lequel une table était dressée afin qu’on puisse y dîner, lorsqu’existait encore la guinguette du même nom, la place était appelée du « Poirier Sans Pareil ».

Au numéro 13, loge de nos jours une cité d’artistes qui, avant sa reconstruction suite à un incendie n’ayant épargné que sa façade, avait déjà vécu plusieurs destinées.

En effet, la manufacture de pianos originelle fut reconvertie en une dizaine d’ateliers sommaires qui accueillirent peintres et poètes, de Braque, à Modigliani en passant par Picasso. A l’arrivée de ce dernier, en 1904, la Maison du Trappeur devint Le Bateau Lavoir, rebaptisé ainsi par Max Jacob pour sa ressemblance aux coursives d’un navire et son unique robinet. Véritable « laboratoire de l’Art », il vit naître Les demoiselles d’Avignon et bien d’autres œuvres picturales et littéraires. Aujourd’hui, l’enseigne de cet endroit mythique cache un musée retraçant son histoire. A sa droite, une grande porte verte mène aux ateliers, dont un est occupé par Lyse Casanova, tandis qu’à gauche, le Tim Hôtel accueille une clientèle cosmopolite attirée par le charme du lieu.

 


 

 

La Crémaillère 1900

En montant la rue d’Orchamps on tombe tout droit sur le Moulin de la Galette qui, 83, rue Lepic, témoigne du passé de la Butte Montmartre, autrefois hérissée de moulins qui pressaient le raisin et moulaient le grain. Portant le nom d’un petit pain de seigle débité par les meuniers, l’endroit fut ensuite transformé en salle de bal.

Au bout de la rue Lepic, la rue Norvins conduit à la place du Tertre, typique petite place parisienne à deux pas du Sacré-Cœur.

Sur ses pavés s’étalent les chevalets de peintres et caricaturistes, haranguant les passants pour leur tirer le portrait et malgré son côté terriblement touristique,  la place possède un charme certain,  un côté "authentique" et titi parisien.

 Sur un de ses côtés, La Crémaillère 1900, Restaurant Cabaret typique du  vieux Montmartre, ancienne librairie puis crémerie, compte désormais parmi les cabarets les plus fréquentés du quartier. Il accueille les touristes voulant goûter à l’esprit de la Butte d’antan et les couples d’amoureux à la recherche d’une atmosphère feutrée et intimiste. Mais au cadre pittoresque de ce lieu où se marient cuisine traditionnelle et divertissements, s’ajoute un attrait non négligeable : un coquet jardin intérieur où l’on s’installe, sous les marronniers, pour goûter une soupe à l’oignon ou un plateau de fruits de mer, en appréciant la vue de sa fontaine Wallace.

En effet, cocasse découverte que cette fontaine cachée dans l’enceinte de ces lieux. Personne ne sait d’où elle vient car, dit-on, elle a « toujours été là », du plus loin que l’on se souvienne.

 

 

Angle des rues Azaïs et Saint-Eleuthère

Une courte marche depuis la place, en passant devant l’église Saint-Pierre de Montmartre, à laquelle est accolé le cimetière du Calvaire, plus ancien et plus petit cimetière de Paris, conduit à la rue Saint-Eleuthère. A l’angle de la rue Azaïs, près du funiculaire facilitant la grimpée de la butte, également accessible par escaliers, une fontaine Wallace, côtoie le square Nadar et de la colossale basilique du Sacré-Cœur, un des sites les plus visités de Paris. Dos au monumental réservoir d’eau qui lui sert d’arrière-plan, une des plus belles vues panoramiques de la capitale s’offre à nous, avec au loin la Tour Eiffel.

Nadar, contemporain de Sir Wallace, réalisa en 1858, à bord d’un ballon captif, la première photographie aérienne de Paris, inspirant à Jules Verne son roman, Cinq semaines en ballon.

Dans le square portant le nom du photographe aéronaute, s’élève la statue d’un chevalier au destin tragique. Le chevalier de la Barre, n’ayant pas salué la procession de la Fête-Dieu, fut arbitrairement soupçonné d’avoir tailladé un crucifix de bois ornant un pont. On perquisitionna donc sa chambre où l’on découvrit un exemplaire d’un livre interdit : le Dictionnaire Philosophique de Voltaire. Ainsi, malgré un alibi, Jean-François faisait un coupable idéal et on le condamna pour impiété. Il fut alors emprisonné, torturé puis décapité à la hache un mois plus tard, après qu’on lui ait coupé la langue. Enfin, comme s’il ne suffisait pas, son corps fût brûlé avec son exemplaire du Dictionnaire Philosophique. Il avait 19 ans.

 

Boulevard Rochechouart

Depuis la rue Azaïs, l’escalier de la rue Foyatier débouche place Saint-Pierre. La rue Seveste, ensuite, mène au boulevard Rochechouart.

Au bout d’un terre-plein central semé de plantes moussues et agrémenté d’arbres, la fontaine Wallace du boulevard Rochechouart voit défiler, parfois à la file indienne, les touristes avides de découvrir les trésors du quartier. 

Ses bâtiments haussmanniens typiques et sa proximité avec des sites culturels et touristiques très fréquentés tels que la butte Montmartre ou la place Pigalle font du boulevard Rochechouart un lieu de passage presque obligé.

Mais avant tout, ce qui donne cette âme un peu particulière au quartier et aux centaines d’ethnies qui y déambulent, priant Allah, Jéhovah, Jésus, Bouddha et tant d’autres, pour que jamais elle ne disparaisse, c’est l’immanquable enseigne aux carreaux vichy roses et blancs créée en 1948 par Jules Ouaki. Véritables monuments couvrant toute une partie du boulevard, les magasins Tati connaissent toujours le succès fulgurant de leurs débuts. Aujourd’hui encore, les fouineurs retournent fébrilement dans les bacs en libre-service, le dictionnaire de la langue française qui côtoie les strings, la fausse Barbie, le kit de massage et les paires de chaussettes dont les prix très bas, affichés en gros chiffres, invitent les clients à entrer et à venir toucher ou essayer.

Autre attraction majeure, au croisement de la rue de Clignancourt avec le boulevard, la naissance du métro aérien à la station Barbès-Rochechouart, station immortalisée par Marcel Carné dans son film Les portes de la nuit.  

 


 

 

Place du Château Rouge

Plus loin, au niveau du métro Rochechouart, le boulevard de Barbès, semblant déborder d’activités et foisonnant d’autant de véhicules que de passants, monte vers la place du Château Rouge.

Formée en 1847 à l’intersection du boulevard Barbès et des rues Custine, Poulet et Dejean, elle doit son nom à la belle demeure en pierre et brique édifiée là en 1780 et qui aurait, selon une légende insensée, abrité les amours d'Henri IV et Gabrielle d’Estrées. Plus tard, ce qui restait du bâtiment devint un célèbre bal public où le tout Paris venait danser la polka et le cancan, avant d’être boudé et finalement démoli en 1875.

Récemment remodelée lors de travaux d’assainissement, la place a été embellie par une fontaine Wallace aux côtés de laquelle vit, comme du temps de Zola et des personnages de son inoubliable chef d’œuvre l'Assommoir, époque à laquelle le boulevard n’existait pas encore, tout un monde bigarré.

Alentours, les rues ont revêtu les couleurs de l’Afrique et des Antilles et on y trouve le plus grand marché « exotique » de la capitale. Le quartier fourmille de monde autour des boutiques de cosmétiques pour gens dits « de couleur », des boucheries halal, des nombreuses épiceries afro-antillaises et d’un grand carré de fruits et légumes. Un éventail d'épices introuvables ailleurs accommodera délicieusement banane verte, manioc, coco riz et viande de chèvre venus de loin. Ici, le Parisien de base ou le touriste prêt à jouer des coudes et à s’aventurer dans le tumulte de la foule, voyage à moindres frais car le dépaysement est total.

 


 

 

Rue de la Goutte d’Or 

Au croisement de la rue de la Goutte d’Or et de la rue de Chartres, au cœur d’un quartier extrêmement  dynamique, hétéroclite et cosmopolite, le ruissellement de l’eau de la fontaine Wallace de la place est fréquemment dissimulé par les murmures des conversations des habitants du coin, assis sur l’un des murets de la place ou debout, à l’ombre d’un arbre.

C’est du vin blanc très prisé produit par les vignes qui dominaient les flancs de cette colline du nord parisien, au 15e siècle, que le quartier tient son nom si plaisant de « Goutte d’Or ».

Au sein de cette terre d’accueil, les français « pure souche » côtoient les migrants arrivés par vagues successives en provenance de beaucoup de pays d’Europe, du Maghreb, d’Afrique et même de Chine, ce qui donne à l’endroit sa coloration si typique.

C’est en bas de la rue de Chartres, chemin où l’on pouvait voir, jadis, entre 1750 et 1820, l’un des cinq moulins qui couronnaient le hameau de la Goutte d’Or, qu’on profite le mieux de ce métissage culturel.

En effet, le marché Barbès, qui s’installe tous les mercredi et samedi matins, est l’occasion de rencontres culturelles diversifiées et toujours joviales. Sous les structures métalliques du métro aérien que l’on aperçoit de la place, entre le boulevard Rochechouart et le boulevard de la Chapelle, c’est tout un monde riche d’odeurs et de couleurs qui prend vie, parmi les étals de tissus, de poissons et de viandes, de fruits et de légumes ou encore d’épices, venues d’ici et surtout d’ailleurs.

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Commentaires

  • seotons

    1 seotons Le 31/01/2011

    Article très sympa. J'ai trouvé ce site web sur Yahoo, et j'y ai trouvé mon bonheur. Continuez comme ça :).
    Rivals Nelly

    Rivals Nelly Le 10/06/2012

    Merci beaucoup !

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